Claire Forgeot : « Dans le feu, il y a une part de vie »
À la Galerie Pompidou, à partir du 13 décembre, Claire Forgeot présente La Part du feu, une exposition née d’un travail entamé en 2007 et réactivé par l’incendie de Chiberta en 2020. A travers ses œuvres, l’artiste angloye explore la force paradoxale du feu : destructeur et régénérateur.
Qu’est-ce qui vous a inspiré pour cette exposition ?
Claire Forgeot : La part du feu est un travail autour du feu que j’ai commencé en 2007. Il a un lien fort avec Anglet puisqu’il s’est réactivé après l’incendie de Chiberta, le 30 juillet 2020. Cet événement a réveillé en moi des émotions très puissantes et a donné un nouvel élan à ce projet.
Pourquoi le feu ?
C.F. : C’est un paradoxe qui m’habite depuis longtemps. En 2004, lors d’une marche en Grèce, je traversais chaque année le même village. Cette fois-là, il était entièrement brûlé. Les habitants, bouleversés, nous ont accueillis en larmes. Cette vision m’a profondément marquée. L’année suivante, j’y suis retournée : la végétation repoussait parmi les souches calcinées. J’ai trouvé cela magnifique. J’ai commencé à faire des croquis, puis en 2007, le sujet s’est imposé à moi. Depuis, il ne m’a plus quittée. Il y a une ambiguïté avec le feu, détruire pour préserver. J’aime trouver une part de vie dans le feu.
Votre technique a évolué ?
C.F. : Oui. En 2017, j’ai intégré la pyrogravure à mon travail. Ce qui m’intéresse, c’est la rencontre entre deux gestes : la souplesse du dessin et la force primitive du bois brûlé. Cette technique évoque pour moi quelque chose d’ancestral, presque aborigène.
Quel est votre lien avec Anglet ?
C.F. : J’y ai vécu de mes 8 ans jusqu’à mes 17 ans. C’est ma ville, mon territoire. Après l’incendie de 2020, j’ai eu le déclic : il fallait que je travaille sur ce sujet. J’ai obtenu l’autorisation de passer deux heures sur place pour prendre des photos. Certaines œuvres, comme mon triptyque de pins brûlés de la forêt du Pignada, sont des paysages géolocalisés. Les arbres existent vraiment. Ce sont des portraits d’arbres. Je les considère comme des individus.
Comment avez-vous choisi les œuvres ?
C.F. : Le choix a été très large, puis a été affiné avec Lydia Scappini. J’ai voulu montrer quelque chose qui est de l’ordre de l’obsession, comment un artiste peut déployer une idée. J’ai voulu montrer la démarche, la recherche et le cheminement de l’artiste.
L’espace a-t-il influencé vos choix ?
C.F. : Oui. En février dernier, j’ai visité la galerie Pompidou. Un mimosa était en fleurs : j’ai su que je devais le peindre. Je savais exactement le format et l’emplacement de cette œuvre. J’aime être surprise, partir à l’aventure dans mon travail.
Qu’aimez-vous dans ce lieu ?
C.F. : J’apprécie énormément la qualité d’écoute et l’accompagnement du service Culture d’Anglet. Tout est pensé pour que l’exposition soit en parfaite adéquation avec la vision de l’artiste. Il y a un vrai travail en amont, des prestations optimales et une collaboration très agréable. Ceux qui ont travaillé sur cette exposition permettent une mise en majesté de mon travail.
Quel message souhaitez-vous transmettre ?
C.F. : Je n’impose rien. Je veux que chacun se questionne, ressente librement. Cette exposition peut évoquer des expériences personnelles, heureuses ou douloureuses. Chaque visiteur est unique.
Comment le public a-t-il réagi lors de précédentes expositions ?
C.F. : En 2021, à la Villa Beatrix Enea, j’avais exposé mon triptyque de la forêt du Pignada. Les visiteurs ont pleuré. L’incendie était encore frais. Voir cette émotion m’a bouleversée.
Avez-vous créé des œuvres spécialement pour Anglet ?
C.F. : Oui : le mimosa monumental et les stèles de bois brûlé recouvertes de feuilles d’or et de cuivre ont été conçus pour cette exposition.
Pour info
Exposition : La part du feu – Claire Forgeot
Où : Galerie Pompidou, 1 allée de Quintaou, Anglet
Quand : Du samedi 13 décembre 2025 au samedi 7 mars 2026
Entrée libre – Du mardi au samedi, 10h-18h
Etiquettes : Exposition