Écriture et chant : une semaine de création instantanée aux Écuries de Baroja

Durant une semaine d’octobre, chaque après-midi, ce groupe hétéroclite – des inconnus au départ – s’est retrouvé autour d’un défi singulier : écrire des chansons à partir d’extraits du roman Époque, signé Laura Poggioli. Tandis que les mots prenent forme, le chanteur et compositeur Olivier Daguerre compose en direct les rythmes et les mélodies.

Émotions, mots, matière brute

« J’ai sélectionné des passages de mon livre sur lesquels nous travaillons. On commence par une lecture à voix haute, chacun lit un extrait. Ensuite, nous partageons les émotions ressenties, les mots qui nous viennent à l’esprit. Je les note tous sur un paperboard, c’est une matière brute pour la création », explique Laura Poggioli.
Époque dresse le portrait de jeunes en proie à l’addiction aux écrans, une douleur contemporaine qui résonne fort. À l’évocation de Maryam, l’un des personnages, des mots comme violence, plus mal moins mal, araignée aux pattes rouge vif fusent et s’inscrivent sur le tableau.

Un travail de troupe

Pendant ce temps, Olivier Daguerre, guitare en main, cherche le bon tempo. Et, avec une fluidité étonnante, des capsules sonores naissent. À la fin de chaque séquence, une mini-chanson est écrite.
« Ce qui est beau, c’est que c’est un travail de troupe », insiste Olivier Daguerre. Il refuse de partager les enregistrements des répétitions : « Je ne veux pas que chacun travaille dans son coin. »
La troupe, justement, est composée de Meïline (16 ans), Mohamed (16 ans), Bastien (28 ans), Flo (56 ans), Serge (59 ans), Françoise (67 ans), Marijo (66 ans) et Nicole (66 ans). Dès le deuxième jour, une complicité s’installe. Les barrières tombent, les émotions s’expriment sans retenue.

Créer une chanson à partir d’une simple lecture

Tous sont conquis par l’expérience. Flo, clown, conteuse et comédienne, parle d’un moment « extraordinaire » : « Le travail collectif me touche particulièrement. Olivier et Laura sont formidables. »
Mohamed, aime écrire et fait partie d’une troupe de théâtre. Il découvre avec enthousiasme qu’on peut créer une chanson à partir d’une simple lecture : « C’est très chouette. »

Absence de jugement et entraide

Meïline, lycéenne en Arts appliqués à Cantau, a appris l’existence de cet atelier grâce au service jeunesse de la ville d’Anglet : « J’aime chanter, je joue du piano et du violon. Lire à voix haute est un peu difficile pour moi, mais ce que j’adore ici, c’est la chaleur du groupe, l’entraide, l’absence de jugement. Et cette création instantanée, c’est fou. »

Un spectacle aux Écuries de Baroja

Quand l’attention se disperse, Laura recentre le groupe : « Quelle émotion ressentez-vous à la lecture de ce texte ? » Pour elle, voir naître des émotions à partir de son propre roman est bouleversant : « C’est de l’écriture partagée. Ce qui est beau, c’est qu’ils s’écoutent, s’entraident. Et à la fin des cinq séances, un spectacle lecture-concert est monté. »
La dernière séquence s’achève. Les esprits ont carburé, les capsules sonores sont prêtes. Vendredi matin, place à la répétition générale avant le grand moment : le concert de restitution, vendredi 24 octobre à 18h30, pour célébrer les 20 ans des Écuries de Baroja.