Tonton Surfeur

Portrait

26 août 2024 3 min

Angloy de cœur, Jacques Valls a connu les débuts du surf dans les années soixante aux côtés de Joël de Rosnay et des tontons surfeurs. Il livre le récit d’une période exaltante.

La voix est posée. Les souvenirs précis. Son arrivée à Anglet, ses premiers pas sur les vagues, son restaurant à la Chambre d’Amour… Jacques Valls remonte le fil de sa mémoire pour narrer une période dorée, celle des pionniers du surf et d’une certaine insouciance.

Dans son pied à terre de Fontaine Laborde où il se ressource régulièrement, l’octogénaire conserve précieusement les photos et coupures de presse de cette période qu’il qualifie « d’exceptionnelle ». Les documents dévoilent de jeunes surfeurs sur des planches aux dimensions impressionnantes. Les sourires généreux illuminent les clichés.

« La première fois que je suis venu à Anglet, c’était en 1955, à l’âge de 14 ans. Nous campions dans le jardin de la villa Magdala, propriété d’un cousin de ma mère au Moulin Barbot », confie Jacques Valls.

Surf Club de France

Il découvre les joies de l’océan et les plaisirs de la glisse à la Chambre d’Amour. « À l’époque, nous pratiquions le bodyboard au moyen du planky, une petite planche en contreplaqué sur laquelle nous glissions allongés. »

Première planche chez Barland

Nageur émérite, il participe aux compétitions de nage en mer et vient prêter main-forte aux surveillants de baignade, dont le légendaire Paul Prieto. La piscine de la Chambre d’Amour est un site incontournable. Jacques Valls y rencontre Joël de Rosnay en 1962. « Fin juillet-début août, il m’a prêté une planche de surf. Je me suis mis debout. Je suis tombé immédiatement, mais ce fut la révélation. J’ai acheté ma première planche chez Barland à Bayonne. Elle pesait 15 kilos et affichait une longueur de 3 mètres… » La révélation devient passion.

« Tous les étés, je ne vivais que pour le surf. » Il s’inscrit au Surf Club de France, ex-Surf Club de la Chambre d’Amour, grand rival du Waikiki de la Côte des Basques. Ses copains ont pour nom Joël de Rosnay, Pascal Demon, François Rudish, Philippe Gérard, Jean-Pierre Faraut, Thierry Rouquette, Alain Bernard, Jacques Lespage, Jean-Marie Lartigau, Thierry Demon. Leur envie de glisse et la recherche des meilleurs spots les conduisent à sillonner le littoral, jusqu’à Hendaye.

La gauche légendaire de La Barre

Mais c’est à l’embouchure de l’Adour que déferle LA vague idéale pour les planches de l’époque, jusqu’à la construction de la digue. C’est là qu’ont lieu, le 28 septembre 1963, des championnats internationaux, remportés par l’Australien Peter Troy devant l’Hawaiien Jan Lee.

Les surfeurs du monde entier viennent se confronter à cette fameuse gauche de La Barre. « Les échanges avec les Américains, Australiens, Hawaïens m’ont permis de peaufiner mon anglais », sourit Jacques Valls.

Ce dernier voit éclore les écoles de surf. Lui-même donne des leçons aux estivants. « Il y avait le surf et toute la vie festive qu’offrait la Côte basque. »

Aventure culinaire

En 1973, il vogue vers de nouveaux horizons tournés vers l’Amérique du Sud, le Népal et l’Inde. Il accompagne des groupes pour le compte d’agences de tourisme. Le surf est mis en suspens jusqu’en 1983 où il retrouve la Chambre d’Amour pour une nouvelle aventure… culinaire.

« Avec mon épouse, nous avons eu l’opportunité de louer un local aux Sables d’Or afin d’y ouvrir un restaurant. Nous proposions une cuisine tournée vers les saveurs du monde, notamment un curry thaï et du chili con carne. »

L’expérience dure trois ans au terme desquels le couple prend un nouveau virage, à Paris. Jacques Valls n’en oublie pas moins Anglet où il a plaisir à revenir. Ses enfants y ont leurs attaches et ses petits-enfants y découvrent à leur tour les joies du surf.

La boucle est bouclée.

par Yannick Partager