Enora, cheffe de poste à la Madrague : entre exigence, passion et douceur

Cet été, du 15 juin au 15 juillet, Enora a endossé pour la première fois la fonction de cheffe de poste à la Madrague. Une étape importante pour cette jeune femme de 26 ans, cheffe de poste adjointe depuis cinq ans.
« J’avais envie de franchir le pas. Mais c’est quand même stressant. C’est à nous que revient la prise de décision ultime. Même si j’étais bien entourée par mon équipe et mes adjoints, c’était un peu angoissant. Mais tout s’est bien passé, je suis très contente », confie-t-elle avec sincérité.

Un parcours forgé par l’eau

Née dans une famille où savoir nager allait de soi – sa mère est nageuse et son père militaire – Enora a rapidement pris le chemin de la piscine. Elle a commencé la natation en club à l’âge de 6-7 ans, jusqu’à ses 13 ans. « J’en avais marre de compter les carreaux au fond du bassin », plaisante-t-elle. C’est alors qu’elle découvre le sauvetage côtier à l’Association des Guides de Bain Angloys. Une révélation. Plus ludique, plus proche de l’océan qu’elle adore, cette discipline devient sa passion.

Elle s’investit pleinement, enchaîne les compétitions jusqu’à ses 22 ans. Très vite, elle sait ce qu’elle veut : devenir sauveteuse. « J’ai toujours eu envie d’aider les gens, de sauver les gens. Et j’aime aussi profondément l’océan et le travail d’équipe. »

Une femme dans un monde d’hommes

Le chemin pour devenir sauveteur côtier à Anglet est sinueux et exigeant. Les sélections sont réputées difficiles. Pour s’y préparer, Enora ne ménage pas ses efforts. Bonne nageuse, elle s’entraîne également à la course à pied, jusqu’à s’inscrire pendant un an dans un club d’athlétisme à Bayonne, afin d’améliorer ses chances.
Un engagement d’autant plus remarquable qu’elle évolue dans un milieu très masculin. « À la Madrague, nous sommes 12 et seulement deux filles. » Mais la jeune femme a le tempérament qu’il faut pour se faire respecter en tant que cheffe de poste, tout en apportant de la douceur ce qui permet de calmer les esprit, quelquefois en surchauffe.

Enora s’impose naturellement. Avec autorité, mais aussi avec douceur. « Je veille à ce qu’il y ait une très bonne communication dans l’équipe. C’est une priorité. Il faut se dire les choses, positives comme négatives, et reconnaître quand un sauveteur fait quelque chose de bien. La reconnaissance est importante. »

Le poids de la responsabilité

Ce poste à responsabilités ne se limite pas à surveiller la plage : administration, rédaction de la main courante, gestion des imprévus…
Enora, qui a surveillé sur différentes plages, se remémore certaines interventions marquantes, notamment sur la plage des Cavaliers : un massage cardiaque en équipe, ou encore un sauvetage très technique un jour de forte houle. « Dans ces moments-là, on agit, on met le cerveau sur off. On sait qu’il y a une vie à sauver. Et c’est toujours un travail d’équipe. Ensuite, on débriefe tous ensemble, c’est essentiel. »

Engagée et inspirante

Sportive, volontaire, Enora est aussi cheffe de projet chez Safran, dans un environnement professionnel également très masculin. Elle y retrouve les mêmes valeurs de solidarité et de rigueur qu’au poste de secours.

Et si elle rêve à terme d’un CDI dans l’aéronautique, elle sait que le sauvetage lui manquera toujours un peu. « Ce que j’aime par-dessus tout, c’est l’interaction avec le public, la solidarité entre collègues, l’esprit d’équipe. Ce sont des moments très forts. »

À celles qui hésitent à se lancer dans cette voie, elle envoie un message sans détour : « Foncez. C’est une aventure incroyable, et pour moi, c’est l’un des meilleurs moments de ma vie. J’aimerais qu’à terme, il y ait au moins deux filles dans chaque poste. Nous apportons quelque chose de différent, une forme de douceur, sans jamais manquer de caractère. »